Comme promis, l’album La révolte des carrés est en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org ! C’est le 78e album à paraître exclusivement en ligne sur le site du label GRRR qui totalise 1025 pièces. Sur la page d’accueil la radio aléatoire diffuse ainsi 153 heures de musique inédite, parallèlement à une trentaine de disques physiques que l’on peut acquérir en fouillant dans son porte-feuilles ou simplement découvrir sur Bandcamp. La liste de toutes celles et tous ceux à qui je dois près de 50 ans de bonheur en musique est sur la page Crédits du site, mais cette fois-ci c’est au tour du guitariste Hasse Poulsen et du percussionniste Wassim Halal de faire la une avec un album de free rock zarbi inattendu.
En proposant son titre à l’album rassemblant 13 portraits de révolutionnaires improvisés le 13 mai dernier pour fêter un autre lundi 13 mai, celui de 1968, qui fut ma seconde grande manifestation et qui marqua l’unification de la lutte entre les étudiants et les travailleurs, Wassim a mimé un carré qui avance en se déhanchant. Hasse et moi cherchions quelque chose de plus prosaïque, mais tous ceuix que nous avancions sonnaient velléitaires : Pour un 13 mai révolutionnaire, Figures de la révolution, Portraits de famille, Le poing levé, Révolution tentation et perpétuation, (Les) enfants des fleurs, Mai 68-19, Dans la famille Fleurs la révolution…, Révolus scions, Sans fleurs ni couronnes, 100 fleurs ni couronnes, etc. Vraiment trop ringards ! Le 13 mai 1940 Churchill a prononcé son Blood, Sweat and Tears, le 13 mai 1958 fut mis en place le comité de salut public en Algérie, celui de 68, et puis, coup de chance, de journée internationale officielle répertoriée pour cette date ! Et puis Wassim a lancé "La révolte des carrés" en faisant le pitre et nous l’avons tous instantanément adopté. Quelques jours plus tard j’ai trouvé une image de carrés bringuebalants dans les lumières mouvantes d’Anne-Sarah Le Meur. Ce rouge à venir remue ciel et terre et fait bouger mes lignes. Tout le monde sait que j’aime les couleurs vives, comme les émotions vives, enfin... Tout ce qui est vif !
Hasse est arrivé un tout petit peu en retard, parce que le matin-même il a composé une chanson de circonstance, This Is Always The First Time ! Oui, ce doit être toujours la première fois. Pour les artistes comme pour les amoureux. Paradoxalement, Bernard Vitet me conseillait de toujours jouer comme si c’était la dernière. La première et la dernière se confondent. Je déteste refaire deux fois le même tour et je veux chaque matin reprendre tout à zéro. Voir la vie avec un œil neuf. C’est ce qui arrive lorsqu’on est amoureux. On peut l’être d’une personne, de la vie, de la musique ou de bien des choses. La ville semble alors éclairée de couleurs inédites, on a la tête à l’envers, on ne contrôle plus rien, guidé par une force sublime qui nous transporte. L’ici devient l’ailleurs. J’ai souvent cette sensation lorsque j’organise les sons, composition préalable ou instantanée, action directe du jeu, révélation de l’écoute... Dans Les Demoiselles de Rochefort, une fille dit à Gene Kelly "Vous avez de la chance !", et lui de lui répondre :"Je fais ce que je peux !"...
→ Birgé Halal Poulsen, La révolte des carrés, GRRR, 82 minutes