Fairuz For Lunch PAR La Tribune DE GENEVE

C’était au printemps dernier, dans la salle de concert au rez-de-chaussée de l’Usine. Aux musiciens en chômage forcé s’offrait alors la possibilité de participer à des résidences d’artistes. Quelques jours grappillés dans un calendrier encore choqué, l’occasion de travailler sur scène, sans public, de nouvelles œuvres.

Ainsi a vu le jour Fairuz for Lunch. Fairuz, « la turquoise », en référence à la diva libanaise, la légende du chansonnier arabe, 87 ans en novembre prochain. Que voici invoquée « pour le goûter » par une bande de punks transarabiques. Ceux-là mêmes que l’on retrouvera jeudi 5 août à l’enseigne du Festival des Possibles, dans le jardin de la Maison Baron en lisière de Carouge, avec des spectateurs cette fois. En guise de clou de la soirée, l’Égyptien Yunis, une vedette dans le domaine des musiques arabes contemporaines, largement nourries d’électronique.

Fairuz avec du riz

En vrai, bien sûr, la célèbre chanteuse n’est jamais venue. Ce n’était pas l’intention. En vrai, cependant, ce qu’on a déjà entendu de Fairuz for Lunch vaut son pesant d’émotions. Dans les faits, c’est un trio : Wassim Halal le Franco-Libanais, Gabriel Valtchev le Franco-Bulgare, et Gregory Dargent, Français qu’on oserait dire pure souche, mais, précisent les intéressés, « élevé dans une caserne en Allemagne ». Une information capitale ? Ça dit l’attitude de ce trio se fichant des frontières comme il se fiche de rentrer dans une quelconque chapelle musicale.

« On n’est ambassadeurs de rien », répondent les fieffés bourlingueurs, s’amusant à chercher des formules volontairement creuses. Quoique… Derrière la furia de leur musique, dans le feu des synthétiseurs cadrés sur une batterie trépidante, on ne le voit pas nécessairement, mais il y a une sacrée dose d’humour aussi. Fairuz for Lunch, en arabe de Beyrouth, cela veut dire aussi qu’on se demande s’il y aura oui ou non du riz en guise de manger.

Mis à part le trait d’esprit, pour que le trio se rencontre à Genève, il a fallu qu’un autre bonhomme s’entête. Mabrouk Hosni Ibn Aleya, c’est son nom, a lancé il y a deux ans l’association Bisque. Avec Sophie Betka, partie ailleurs depuis. Mabrouk baigne dans l’alternatif, suit avec avidité l’avant-garde des caves à rock. Sophie a bouffé du clubbing, des raves sauvages.